Madame Kandji Issabre s'est très tôt engagée dans le développement.
Elle vient du pays dogon et connait donc bien
les difficultés auxquelles doivent faire face les populations de l'intérieur du pays. Elle nous explique que son père était orphelin et venait d'une zone
particulièrement défavorisée. Elle a donc été sensibilisée très tôt aux questions de développement, de malnutrition ...
C'est surtout lors de la grande sécheresse du début des années 1980 qu'elle a pris conscience de la nécessité de s'impliquer
dans la vie associative. C'est à partir de cette grande sécheresse que l'aide humanitaire s'est développée au Mali.
Certaines associations ont été créées spécialement pour faire face aux problèmes liés à cette sécheresse ; par exemple la CCA-ONG,
Coordination des ONG au Mali, a d'abord été créée pour assurer des distributions alimentaires. Par la suite, elle a élargi
son domaine d'actions et réussit aujourd'hui à gérer plusieurs fonds et à couvrir la totalité du territoire malien.
Après avoir réalisé deux années d'études d'économie à Bamako et avoir obtenu sa maîtrise en mathématiques et statistiques,
Madame Kandji Issabre a suivi des formations dans l'environnement et le développement durable à Genève et au Burkina,
ce qui lui a par la suite permis de travailler en tant que gestionnaire de projets pour plusieurs associations. En effet, elle s'est d'abord investie dans une petite association
qui oeuvrait dans le développement social : l'ADAF. Deux ans plus tard, elle est devenue membre (salariée cette fois) de la CCA-ONG, où
elle a travaillé pendant 10 ans en tant que coordinatrice de fonds.
Cela lui a permis de beaucoup voyager à l'intérieur du
pays, d'observer les modes de vie des populations et de se rendre compte que les femmes n'avaient pas accès à l'appui et à
l'aide humanitaire. Dans les villages, c'étaient toujours les hommes qui servaient de relais entre les associations
et les populations. Au vu de cette situation, Madame Kandji Issabre a eu l'idée de mettre en place une ONG qui s'occuperait
uniquement des femmes. C'est ainsi que l'ONG
GAIE/Femmes
est née en 1992. Au départ, les gens étaient choqués lorsque l'association demandait à parler aux femmes dans les villages,
mais petit à petit, ils ont accepté ce mode de fonctionnement, qui a par ailleurs permis de mieux cerner l'ensemble
des préoccupations des femmes.
Si Mme Kandji Issabre est l'initiatrice
du projet, quatre autres personnes ont participé à la création de l'association. Toutes sont encore membres bénévoles.
Dès lors, elle a mené de front son travail de permanente du CCA et son activité de bénévole à GAIE/Femmes. Actuellement,
c'est Monsieur Mamadou G.Diarra qui préside l'association. Madame Kandji Issabre quant à elle est secrétaire exécutive : elle est l'interlocutrice
privilégiée pour tous les partenaires.
En 1999, elle a quitté le CCA, pour devenir cogérante et salariée du bureau d'études qui abrite
actuellement l'association GAIE/Femmes. Une ONG étant à but non lucratif, se posait le problème du financement. S'il est
possible de trouver des financements pour certains projets, ceux-ci ne sont pas suffisants pour garantir un salaire au personnel.
Or, pour assurer la continuité des actions de l'association, il est important que les gens restent, et pour cela, il est
préférable de leur assurer un salaire. La création du burau d'études a permis de palier ces difficultés. Grâce aux études menées, le bureau
peut épauler l'association (secrétariat, activités, salaires pour certaines prestations).
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