A la mort de son père, elle intègre
l’Ecole Normale des Jeunes Filles de Thiès, un centre de formation pour
devenir institutrice alors que ses enseignants lui conseillaient une
carrière professionnelle plus poussée. C’est pour soulager les contraintes
financières de sa mère, veuve depuis peu, que Mme Ndeye s’inscrit à Thiès
où elle est boursière. Après trois mois seulement, suite à une visite
médicale, est est renvoyée de l’école : le médecin juge que son handicap
la rend « inapte à gérer une classe. » « Mes larmes coulaient
» nous confie-t-elle. Cette douloureuse expérience marque le début de
son militantisme : sa famille et ses camarades de classe la soutiennent
dans son combat en faisant grève jusqu’à sa réadmission.
Mme Ndeye rejoint l’ANHMS de Mbour en 1984 alors que
l’association n’a que trois ans. Les années 80 voient la ville se
transformer en un pôle touristique de plus en plus important, ce qui
permet à l’association de rentrer en contact avec de généreux donateurs
allemands et suisses. C’est avec ces financements que Mme Ndeye obtient du
matériel orthopédique pour les enfants handicapés de la ville.
Aujourd’hui, elle est fière des réalisations de l’association : « Même
les villages le plus reculés comptent une représentation de l’ANHMS, ce
qui est toujours un défi pour d’autres associations. » Cependant, Mme
Ndeye ne se repose pas sur ses lauriers : « Quand je vois des
handicapés mendier dans la rue, je me dis qu’il me reste beaucoup à faire.
J’ai fait un tout petit peu ou bien j’ai rien fait. »
En 1994, elle déménage à Dakar. Un don de l’UNIFEM (Fonds de Développement des
Nations Unies pour le Femmes) encourage Mme Ndeye à créer une section
féminine à l’ANHMS de Dakar. Elle voit le jour en 1996 mais se limitera
d'abord à la capitale. En 1998, suite à l’Assemblée Générale, elle s’étend
à tous les niveaux régionaux. Dès que la section féminine devient
officielle en 1998, les invitations aux conférences internationales,
financements et alliances se multiplient. La création de la section
féminine de l’ANHMS s’inscrit dans l’activisme féministe du pays qui,
depuis ses débuts dans les années 70, a posé des jalons fermes à partir
desquels Mme Ndeye mène le combat de l’association. C’est grâce à la
création de la section que l’association a bénéficié de lignes de crédits
et d’un véhicule neuf en allocation du Ministère de la Femme. La section a
également permis à l’ANHMS de se fédérer avec 25 associations nationales
de femmes handicapées. Selon la présidente, il n’existe aucun conflit
entre la section féminine de l’association et les intérêts de ses membres
hommes. Au contraire, au sein de l’ANHMS, les hommes et femmes se
complètent et sont liés par leur identité d’handicapés.
D’après Mme Ndeye, « en tant que piliers du développement
africain, les femmes doivent être à la tête des décideurs » - c’est
pourquoi elle concentre son travail sur le plaidoyer, la sensibilisation
et la scolarisation. La présidente nous rappelle aussi que les femmes
handicapées ont des problèmes spécifiques, notamment au niveau de la santé
de la reproduction : « les femmes handicapées sont doublement
handicapées » dans leurs capacités motrices, mais aussi dans la
grossesse qui leur exige fréquemment une césarienne. Elle estime que la
sensibilisation des parents est une des tâches les plus importantes de son
association car elle appuierait les grossesses à risques, préviendrait
contre les maladies handicapantes et encouragerait l’intégration des
enfants handicapés dans la vie normale.
Désormais, elle compte surtout venir en aide aux enfants handicapés car
pour elle, « les enfants sont les sans-voix. » En plus de son rôle
de présidente de l’ANHMS, Mme Ndeye travaille à l’école Taliboudabou pour
enfants handicapés en tant que coordinatrice.
Pour plus d’informations sur l’ANHMS, vous pouvez visiter leur site, leur blog et le site
de la section
féminine
Cette page a été réalisée
par les membres de l'association Courants de Femmes
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